MIGRATIONS ACTUELLES

Initié en 2023, ce projet a eu un impact considérable sur les populations des 7 Vallées. De nouveaux partenaires nous ont rejoint. Comprendre les migrations actuelles, leurs causes, leurs conséquences, leur lien avec les interdépendances mondiales, permet de casser les préjugés tant en Pas de Calais qu'au Sénégal. S'informer des réalités avec SOS Méditerranée et France Terre d'Asile, recueillir les témoignages des demandeurs d'asile du FIAC, comprendre les motivations de ce voyage en discutant avec des groupes du Sénégal permet de réfléchir et d'approfondir ses connaissances. Riches de ces connaissances et réflexions, les groupes agissent avec des écrits, des créations artistiques présentées en public. 6 groupes sont constitués sur les 7 Vallées sur chacune des 2 sessions du projet : 4 classes de collèges – 1 groupe de femmes – 1 groupe tout public, 6 groupes avec les mêmes publics cibles sont constitués au Sénégal. Les groupes échangent, apprennent et tentent de mieux comprendre.

Contexte

Différentes observations nous ont conduit vers ce thème pour mener le premier volet de cette initiative en 2023 avec le soutien de RECITAL, il nous a semblé cohérent de solliciter de nouveau RECITAL pour ce 2eme volet : Au Sénégal, nous avons été frappé de la tristesse et de la colère de ceux qui restent et ne comprennent pas la fuite vers l'Europe de leur famille ou leurs amis. Bien souvent cette fuite engendre un drame : le bateau chavire ou la vie dans le pays d'accueil est pire que celle qu'ils avaient chez eux.En Pas-de-Calais, nous avons rencontré les demandeurs d'asile, et ceux qui ont leurs papiers travaillent, envoient l'argent à leur famille et n'en ont plus assez pour vivre. La honte serait telle s'ils n'envoyaient pas d'argent qu'ils préfèrent ne pas manger tous les jours. Ils n'ont rien et ne peuvent plus envisager de rentrer sans un sou en poche. Sur le territoire de 7 Vallées, l'impact des médias et les cadavres retrouvés sur les côtes proches suscitent le racisme, des remarques sans réflexion, des à-priori simplistes. Nous voulons inviter à la réflexion.Les demandeurs d'asile qui vivent sur les 7 vallées ne communiquent pas avec les populations qui se méfient d'eux. Ils se retrouvent dans de grandes difficultés liées à leur situation mais également à un isolement néfaste.Les femmes qui demandent asile ont souvent subi le viol. Elles partent pour leurs enfants,avec leurs enfants pour leur donner une vie meilleure.Les jeunes des collèges du Pas-de-Calais côtoient parfois des « mineurs non accompagnés », mais ne communiquent pas avec eux et n'ont aucune idée de la réalité qui se joue à leur porte.Les jeunes des collèges et lycées du Sénégal rêvent de la France et disent vouloir partir coûte que coûte. Ils n'imagent pas un instant la réalité de la migration clandestine.Nous avons donc construit ce projet pour mettre en lien toutes ces populations autour des interdépendances mondiales qui conduisent au drame de la migration actuelle. L'impact en 2023 sur les populations, auprès des élus a conduit à renouveler ce projet sur ce territoire avec 2 nouveaux partenaires : la commune de Hesdin et le FIAC (Foyer International d'Accueil et de Culture). Ces besoins ont été identifiés par l'ensemble des partenaires.

Partenaires locaux

Kaay Art (Sénégal)
SOS Méditerranée
CC 7 Vallées
Villes de Beaurainville et de Hesdin
Collèges Beaurainville, Hesdin, St Pol/Ternoise
FIAC

Publics concernés

Bénéficiaires directs :
Femmes 178 – Hommes 90
Bénéficiaires indirects :
Femmes 1036 – Hommes 517

Objectifs du projet

Transmettre et informer

Comprendre le lien avec les interdépendances mondiales

Agir en tant que citoyen responsable et solidaire

Activités

Toutes les actions sont en lien et permettent d'avancer au niveau de la compréhension de la migration actuelle vis à vis des interdépendances mondiales. Un artiste est référent pour chacun des 6 groupes constitués à chaque session. La première session se déroule de Janvier à Juin et la seconde de Septembre à fin Octobre. Le public est différent d'une session à l'autre.

L'activité 1 : Une première rencontre des groupes. Pour les groupes adultes, une première séance a lieu avec les habitants du territoire sans les demandeurs d'asile afin de préparer leur intégration. Cette séance permet de travailler sur les à-priori et les stéréotypes à l'aide d'outils pédagogiques et de jeux(fournis par Lianes Coopération). Le débat permet de déconstruire ces stéréotypes. Lors des séances avec les demandeurs d'asile,une lecture de textes permet d'appréhender les interdépendances mondiales relatives à la migration actuelle, les rouages et les enjeux de cette actualité. Certains extraits de documentaires sont projetés(il sont différents pour les groupes des collégiens et les groupes adultes). Après chaque nouvelle étude, le groupe débat, écrit, se questionne. France Terre d'Asile participe à une des séances afin d'apporter de nouvelles informations. Cette activité se reproduit à différents moments de l'action. Elle est la base du travail de réflexion et pose les enjeux du projet.Chaque participant produit une première série d'écrits et de réflexions dans un carnet de bord dédié au projet.Les participants sont invités à poursuivre leurs investigations et leur écriture par eux mêmes.

L'activité 2 consiste en une première visioconférence avec le groupe partenaire sénégalais. Les classes des collèges français vont communiquer avec d'autres classes du Sénégal, le groupe de femmes des 7 Vallées avec un groupe de femme de Popenguine, le groupe adulte mixte des 7 Vallées avec un groupe adulte mixte de Popenguine. Les artistes de KAAY ART développent le même travail que L'EMBARDEE au Sénégal, respectant les mêmes activités et le même calendrier.Ces visioconférences sont essentielles car nous nous rendons compte que ces interdépendances mondiales conduisant à la migration actuelle ne sont pas perçues de la même manière qu'on soit en France ou au Sénégal : beaucoup de membres des groupes sénégalais connaissent des personnes qui sont parties illégalement vers l'Europe. Pour eux, ces visioconférences permettent de rencontrer des personnes du pays d'accueil de leur frère, leur mère, leur ami. Elles aident aussi à ne plus percevoir la France comme un paradis, et de connaître les réalités. Pour le groupe français, les témoignages des sénégalais permettent de mettre un visage,une émotion sur ces «migrants» souvent comptabilisés avec des chiffres mais rarement avec des prénoms. L'écriture de chacun se poursuit, s'enrichit. Les groupes peuvent se lire respectivement leurs premiers écrits. Les coordonnées personnelles des participants sont échangées et ils peuvent communiquer entre eux en dehors du projet.

L'activité 3 consiste en une sensibilisation de l'ONG SOS Méditerranée pour chacun des 6 groupes. Elle n'est pas possible au Sénégal, (SOS Méditerranée n'y est pas présente) les groupes sénégalais seront donc en visioconférence pour ces sensibilisations. SOS Méditerranée a une grande expérience de ce travail, les séances sont interactives et les vidéos proposées sont adaptées selon les groupes adultes ou adolescents. De nouvelles informations viennent enrichir les connaissances et les réflexions de chacun. Sont abordés les causes de la migration, multiples (guerre, extrême pauvreté,mais aussi homosexualité, religion interdite, mariage forcé…). Les réalités de la Lybie et des réseaux de passeurs sont également abordés ainsi que la traversée par la mer et les opérations de sauvetage. La législation internationale des droits maritimes et la notion de «non assistance à personne en danger» permettent également de comprendre que la solidarité internationale est parfois une loi.Là encore les écrits se peaufinent.

L'activité 4 consiste en une seconde visioconférence avec les groupes sénégalais.Les deux groupes se connaissent mieux. Il échangent sur les nouvelles informations acquises. Certains lisent des extraits de leurs écrits, ensemble, ils réfléchissent aux moyens d'agir. La question est posée : «Qu'est ce que moi je peux faire dans cette mondialisation ?». Certaines personnes du groupe des femmes sénégalaises ont commencé un jardin afin de pouvoir consommer local, le collège de Beaurainville, suite à l'action 2023, a mis en place un potager au sein du collège. Les échanges portent aussi sur l'implication des personnes dans une association, le choix de sa consommation, faire le choix de recevoir des informations de qualité…

L'activité 5 est artistique. Avec les écrits de chacun, différents selon les réflexions personnelles menées, l'artiste référent propose un travail de création. Selon les groupes,certains vont s'orienter vers une transmission par le biais du théâtre, d'autres préféreront le Rap ou le Slam. Parmi les artistes de L'Embardée impliqués dans ce projet, nous comptons 2 comédiennes 1 rappeur et 1 slameur. Ainsi, selon les demandes de chaque groupe les artistes pourront se répartir en fonction des disciplines choisies.Un spectacle est ainsi monté. L'objectif est l'implication citoyenne de chacun, une façon d'agir en sensibilisant à leur tour les spectateurs.Les participants sont initiés à l'animation débat puisque, après chacune de leurs prestations publiques, ils devront être en mesure d'animer ce débat avec les spectateurs.

L'activité 6 est une présentation du travail artistique réalisé autour des réflexions menées par 6 groupes de personnes d'âges et de sexes différents. Ces 6 spectacles sont présentés en public, chaque représentation est suivie d'un débat.Les membres de chaque groupe sont en charge de d'animer les débats. Ils sont accompagnés des artistes de L'Embardée, d'un membre de France Terre d'Asile, d'un bénévole de ECnou (association locale d'aide aux demandeurs d'asiles), du FIAC et d'un membre de SOS Méditerranée.Les collégiens présentent leurs travaux face à d'autres classes du collège sur 2 représentations. Les groupes tout public se produisent lors de 2 représentations. Les rendus de travail des groupes français et sénégalais sont filmés afin qu'ils puissent voir leur travail respectif.

Résultats

Transmettre et informer : il est clair que cet objectif a été atteint et que le niveau de connaissance des personnes (adultes et adolescents) était extrêmement bas quant aux problématiques de la migration actuelle. Nous ne nous attendions pas à ce niveau de méconnaissance des réalités de la migration. Nous avons pris soin de régulièrement rappeler ces réalités et nous nous sommes assurés que les bénéficiaires aient acquis une base de savoirs.
Prise de conscience du lien avec les interdépendances mondiales : l'objectif est atteint, pour preuve les textes produits mais là encore nous avons été surpris par la méconnaissance des réalités géopolitiques et par le manque de réflexion et d'empathie des bénéficiaires en début de projet. Cela a fortement évolué au moment des visioconférences.
Pousser les bénéficiaires à agir en tant que citoyens responsables : il est complexe de répondre honnêtement à la réalisation de cet objectif. Les intentions sont là, bien présentes mais nous ne pouvons savoir qu'à postériori si les décisions prises seront réellement appliquées par les bénéficiaires.